D’après un article de 450FM, réinterprété
Notre texte écrit, mais surtout, à écouter ci-dessus
Écoutez bien, gamin. Vous me posez une question, avec vos yeux écarquillés de chaton curieux, comme si j’allais vous pondre une philosophie de comptoir à deux balles. Mais je vais plonger dans l’obscurité de la démarche maçonnique, avec l’élégance décalée de Céline en vous guidant, d’accord ?
Alors, voilà, imaginez-moi, un bleu à l’époque, fraîchement entré dans cette loge, tel un chevreau qui déboule dans une taverne. Tout d’abord, c’est le fameux « devoir de silence » qui m’a cloué le bec, comme un clampin qu’on aurait soudainement baillonné avec ses propres chaussettes. Assis sur mes colonnes, pendant le rituel, je me demandais ce qui se tramait. Puis, un jour, en me recoiffant, je m’aperçois que mes oreilles, les mêmes que celles de tout le monde, ressemblent sacrément à des points d’interrogation. Plutôt ironique, non?
De là, une ampoule s’est allumée: ferme-la et écoute. Écoute les murmures, les débats, les confessions de tes frères et sœurs maçons. Comprends-les et, par la même occasion, essaie de piger ce sac de nœuds qu’est ton esprit. Comme un petit funambule sur le fil du destin, tu avances, toujours en quête, sachant que le voyage initiatique est long, parfois tortueux, souvent illuminant.
Des années ont filé, des années d’interrogations, de méditations, et de réflexions en tout genre. Aujourd’hui, je me rends compte d’un truc : c’est en s’ouvrant, en communiquant, en apprenant des autres que l’on peaufine son jugement, son langage, ses attitudes. Fini, le sempiternel « QUI suis-je ? » avec la voix geignarde d’un gamin paumé. Non, désormais, c’est « QUE suis-je ? ». C’est l’évolution, coco, du « moi » superficiel à ce sanctuaire intime que nous appelons « temple intérieur ».
Le franc-maçon que je suis devenu n’est pas là pour flatter son ego ni pour se créer un personnage fictif. Non, c’est bien plus profond que ça. C’est un travail perpétuel de déblayage, pour se libérer des chaînes culturelles et sociales, pour sortir de cette gangue dans laquelle on nous moule.
Vous savez, l’humanité a cette capacité de réflexion, de décision qui la distingue de toutes les autres créatures. Mais on est aussi capables de dérapages, de grandiosité, d’orgueil, tout ça, à l’instar de cette tour démesurée à Dubaï. Toujours plus haut, toujours plus grand, quitte à oublier nos racines.
Mais voilà, la démarche maçonnique, elle nous rappelle quelque chose d’essentiel : on vient de la terre, on y retournera. On est humains, avec nos failles, nos peurs, nos défis. C’est face à ces obstacles que l’on se construit, que l’on comprend ce que sont nos véritables valeurs.
Alors, pour le maçon, l’enjeu n’est pas simplement de bâtir un édifice physique. C’est aussi de bâtir l’édifice de sa vie, avec solidarité, respect, générosité. Chaque fois que tu aides quelqu’un à se relever, tu te redresses toi-même, un peu plus. L’homme qui s’élève, c’est bien plus majestueux que n’importe quel gratte-ciel.
Maintenant, gamin, ruminez ça un peu et voyez où cela vous mène.