Quelques références autour du thème

La planche n’est pas reproduite ici pour le moment.

La société contre l’État

 
La distinction entre la société et l’État est une notion importante de philosophie politique et sociale.

La société : l’ensemble des individus qui interagissent entre eux pour former un commun, une collectivité… une société.
Elle est souvent considérée comme étant le fondement de toute organisation politique. Elle est caractérisée par des liens sociaux, culturels, économiques et politiques.

En revanche, l’État est une institution politique qui exerce un pouvoir coercitif sur la société. Il est souvent considéré comme l’organisation qui détient le monopole de la force légitime et qui est chargé de maintenir l’ordre public, de gérer les affaires publiques et d’assurer la défense de la nation. Il ne faut pas le confondre avec la République (au sens français, contemporain, du terme).

Certains penseurs politiques, tels que Pierre-Joseph Proudhon ou Michel Foucault, ont remis en question l’idée selon laquelle l’État est nécessaire pour organiser la société. Selon eux, l’État est une institution oppressive qui s’oppose aux libertés individuelles et aux initiatives autonomes de la société. Ils défendent l’idée d’une société autogérée, où les individus seraient en mesure de s’organiser eux-mêmes, sans l’intervention coercitive de l’État.
La société et l’État sont deux notions distinctes, qui renvoient à des réalités sociales et politiques différentes. La question de savoir quelle est la meilleure façon d’organiser la société est un débat complexe et qui fait l’objet de nombreuses théories et controverses en philosophie politique et sociale.

Et Pierre Clastres ?
 
Pierre Clastres était un anthropologue et ethnologue français, qui s’est intéressé à l’étude des sociétés primitives et des sociétés dites « sans État ». Dans ses travaux, Clastres a critiqué l’idée selon laquelle l’État serait une nécessité inéluctable pour organiser la société. Selon Clastres, les sociétés « sans État » se caractérisent par l’absence d’une structure étatique centralisée et par une organisation sociale fondée sur l’égalité et l’autonomie des individus. Dans ces sociétés, le pouvoir est souvent réparti entre plusieurs chefs ou « caciques », et les décisions sont prises de manière collective, lors de grandes assemblées.

Clastres a défendu l’idée que ces sociétés « sans État » n’ont pas cherché à créer un État, mais ont plutôt mis en place des mécanismes pour empêcher l’émergence de toute forme de pouvoir centralisé. Il a ainsi décrit certaines de ces sociétés comme étant des « sociétés contre l’État« , dans la mesure où elles ont développé des stratégies pour résister à toute tentative de domination. Pour Clastres, l’État ne représente pas une solution universelle aux problèmes de l’organisation sociale, mais plutôt une forme spécifique de pouvoir qui a émergé dans certaines sociétés à un moment donné de leur histoire. Il a ainsi critiqué l’idée selon laquelle l’État serait une étape nécessaire dans l’évolution de la société, et a défendu l’idée que d’autres formes d’organisation sociale sont possibles et souhaitables

Les travaux de Pierre Clastres ont contribué à remettre en question l’idée selon laquelle l’État serait une nécessité universelle pour organiser la société, en mettant en évidence l’existence de sociétés « sans État » qui ont développé d’autres formes d’organisation sociale et politique.

J’ajoute (JMB) que nous vivons sur l’illusion d’une stabilité venant de ce qui est admis, reproduit, habituel…institué (voir ci-dessous). En fait l’habitude principale est celle de LA SERVITUDE VOLONTAIRE (voir la planche : La servitude volontaire aujourd’hui)

 

Instituant » et « institué

« Instituant » et « institué » sont deux termes philosophiques utilisés pour décrire la relation entre le pouvoir et la société. L’instituant fait référence au processus par lequel la société crée et établit le pouvoir. C’est le pouvoir qui est en train d’être créé ou qui est en train d’être remis en question. L’instituant est donc l’aspect créatif, dynamique et évolutif de la relation entre la société et le pouvoir. En revanche, l’institué désigne le pouvoir déjà établi et accepté par la société. C’est le pouvoir qui est considéré comme légitime et qui est souvent perçu comme immuable. L’institué est donc l’aspect stable et statique de la relation entre la société et le pouvoir.
La distinction entre instituant et institué a été développée par le philosophe français Cornelius Castoriadis dans les années 1970. Selon lui, la société ne doit pas être considérée comme un simple produit du pouvoir, mais comme un processus créatif et dynamique qui peut remettre en question et transformer le pouvoir établi. La distinction entre instituant et institué permet de mettre en évidence cette dynamique de création et de transformation du pouvoir. René Lourau aussi adévelppé cette question de l’instituant et de l’institué.

Castoriadis et Lourau partagent une approche similaire de la distinction entre l’instituant et l’institué

L’une des différences principales entre Castoriadis et Lourau concerne leur approche de la question de l’autonomie. Pour Castoriadis, l’autonomie est un concept central qui permet de comprendre la créativité et la capacité humaine à se réinventer en permanence. Selon lui, l’autonomie consiste à reconnaître l’importance de l’instituant dans la vie sociale, en laissant une place à la création et à l’invention, plutôt que de se limiter à suivre les normes et les règles déjà établies.
En revanche, pour Lourau, la notion d’autonomie est moins centrale. Il se concentre plutôt sur la dynamique entre l’instituant et l’institué, en soulignant que la créativité et l’invention sont des processus essentiels pour comprendre la vie sociale, mais qu’il est également important de prendre en compte la dimension stabilisée et cristallisée de l’institution.
Une autre différence entre Castoriadis et Lourau concerne leur approche de la question de la démocratie. Pour Castoriadis, la démocratie doit être comprise comme un processus de création permanente de nouvelles formes d’organisation sociale, plutôt que comme un simple choix entre des formes de gouvernement déjà existantes. Il insiste sur l’importance de l’autonomie et de la participation citoyenne pour la démocratie.
En revanche, pour Lourau, la démocratie est vue comme une forme institutionnelle particulière, qui peut être créée ou transformée par les processus instituants. Il souligne que la démocratie est un idéal vers lequel la société peut tendre, mais qu’elle est souvent limitée par les formes institutionnelles déjà existantes.